Lorsque son stigmate devient son nom
Franck Nohain raconte à sa manière que Rafaël qui venait de découvrir le Nouveau cirque avec son employeur Tony Grice, se promenait au jardin des Tuilerie et fut attiré par une petit théâtre de marionnettes. Pris par la bonne humeur ambiante et les facéties du personnage qui finissait par rosser le gendarme, « Raphael » (écrit ainsi) se mit à rire lui aussi de bon cœur. Mais soudain Guignol redressa la tête et se tourna vers lui « Eh ! La-bas le chocolat, oui toi le chocolat ! ». Aussitôt tous les visages des enfants aux cheveux blonds se tournèrent vers lui, et un cri unanime s’échappa de leurs petites poitrines : « Chocolat, Chocolat ! ».
(Le nom de Chocolat était né du fait de son stigmate !)
Rafaël accepta rapidement cette identité. L’homme sans défense n’a pas d’autre ressource que de tenter d’apitoyer celui qui l’offense en se conformant au regard qu’il porte sur lui.
(Une expérience similaire est arrivé à Albert Cohen qu’on a publiquement apostrophé : « Tu es un youpin, hein ? » lorsqu’il avait une dizaine d’année, qui le traumatisa profondément).
Tous les noirs à cette époque étaient surnommés « Chocolat » ou « Bamboula ». « Chocolat » désignait la couleur de peau et « Bamboula » évoquait les danses jugées primitives des Africains, par opposition au raffinement de la culture européenne.
Voir Chapître 3 du livre de Gérard Noiriel Chocolat la véritable histoire d’un homme sans nom chez Bayard, paru également en livre de poche.